jeudi 31 octobre 2013

Qui lit de la romance, et pourquoi ?


Dans l'article précédent, j'ai tenté d'expliquer ce que recoupait le genre littéraire de la "Romance", il est à présent temps de se demander qui en lit et en achète, qui est responsable de son succès.
L'idée reçue voudrait qu'il s'agisse d'un genre littéraire réservé aux ménagères de plus de 50 ans dont les  maris sont souvent absents et/ou aux jeunes filles impatientes de plonger dans le grand bain de l'amour et du sexe, dans les bras d'un acteur de cinéma de préférence. En bref, la romance serait le genre littéraire réservé aux femmes frustrées qui chercheraient à y oublier leurs misères sentimentales et sexuelles. Cliché, vous avez dit cliché ?
Vous vous souvenez de mon article sur le romantisme réel et le romantisme fictionnel ? et bien j'ai tendance à penser que je ne suis pas seule dans mon cas et que beaucoup de lectrices de romance ont la même façon de fonctionner que moi. Bien sûr que je ne voudrais pas, dans la vraie vie, qu'une pseudo gravure de mode aux "yeux ténébreux" et au "torse imposant" m'embrasse "comme si sa vie en dépendait" dans le coin d'un jardin sombre au clair de lune. D'ailleurs, si ça arrivait je pense que je partirais d'un bon rire nerveux qui gâcherai complètement l'ambiance. Par contre de lire ça et bien, ça me donne envie d'embrasser l'homme qui partage ma vie.
Parce que ce qu'il ne faut pas oublier, c'est qu'au delà de l'image de romantisme culcul qu'on leur attribue, ces romans font aussi, et peut être surtout, parti du domaine de la littérature érotique. Ils sont donc pensés et écrits pour avoir un effet sur la libido de leurs lectrices (je m'exprime au féminin parce que je ne connais pas d'hommes qui bouquinent de la romance, si des lecteurs de ce genre me lisent, je les prie de m'excuser). Et ça fonctionne plutôt bien. En regardant mon cas particulier, autant les rares films porno que j'ai pu voir ne m'ont laissé qu'un sentiment vaguement dégouté, autant les livres de romance m'ont détendue, motivée (restons pudique) et ont réussi à contrecarrer l'effet négatif que peut avoir le stress sur ma libido. La façon dont ils présentent le sexe de façon positive, comme quelque chose d'épanouissant et de naturel, notamment dans les romans historiques où l'héroïne découvre que ce que lui martèle la société qui l'entoure sur "le sexe c'est sale" et "uniquement pour le plaisir des hommes, serrez les dent et endurez" sont d'énormes mensonges, ne doit pas être étranger à l'effet qu'ils ont sur moi. Il doit me rester encore, au fond de mon inconscient, une partie de ces tabous sexuels vieux comme le monde et cette idée persistante que les femmes ne doivent pas "aimer ça" si elles veulent qu'on les respecte. Triste de constater que, malgré le XXIe siècle, malgré le féminisme et la libération sexuelle, une partie de mon cerveau pense encore de cette manière et freine des deux fers lorsque j'ai envie de faire l'amour, je suis par contre ravie d'avoir trouvé un moyen de lutter contre ce blocage intempestif. Même si la romance ne résous pas le problème en profondeur, en lire m'aide à avoir une vie sexuelle et amoureuse plus épanouie, et à terme, j'espère qu'elle m'aidera à me débarrasser de ces idées inconscientes qui me pourrissent la vie. Si cela arrive alors je n'en aurais plus besoin d'en lire et les ventes baisseront un tout petit peu.
Voila, tout cela est bien sûr très personnel, mais les chiffres des ventes de Romance me font penser que mon cas n'est pas isolé et que d'autres lectrices remercient comme moi ce genre d'exister.

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