mercredi 1 octobre 2014

Une bonne épouse indienne

Voici le dernier livre que j'ai lu, on me l'avait offert en cadeau de mariage, et je peux dire qu'il m'a déconcertée. En effet je crois que c'est la première fois qu'un livre me plait alors que je n'aime pas une partie des personnages qui le peuplent. Enfin pour être précise, ce n'est pas tant que je ne les aime pas, c'est qu'ils m'agacent prodigieusement.
Neel (en fait c'est Suneel) s'est installé aux États Unis après y avoir réussi ses études de médecine. La seule chose qui, selon lui, lui manque pour avoir réussi sa vie, c'est de se marier avec une belle américaine, éduquée, avec un bon travail et blonde de préférence afin de parfaire sa réussite sociale. Lorsque le roman débute, il apprends que son grand-père est gravement malade et le réclame à son chevet. Il se rends donc en Inde et revient... avec une femme dans ses bagages.
Soyons clair, Neel a été mon problème principal dans ce livre, parce que j'ai juste trouvé que c'était un connard (j'aurais aimé éviter la vulgarité mais je ne trouve pas d'autre mot). Effectivement il se fait piéger par sa famille et à sa place on ne serait pas non plus au septième ciel mais je n'ai trouvé aucune excuse à la façon dont il traite sa malheureuse épousée. En fait il se contente tout bêtement de l'abandonner et de l'ignorer la moitié du temps, et jamais, au grand jamais il ne lui explique, à elle qui ne sait pas qu'il a été forcé de l'épouser, qu'il ne voulait pas de ce mariage, se contentant de croire que s'il la délaisse suffisamment elle va finir par comprendre. C'est un grand lâche quoi.
Donc pourquoi, alors que j'ai passé la quasi totalité de ma lecture à vouloir étrangler le personnage principal, ai-je apprécié ce livre ? À vrai dire je n'ai pas trop de réponse.
Déjà je peux dire qu'il est bien écrit, et qu'à sa manière, il tient en haleine. Ensuite je pense qu'en fait j'ai fini par prendre en pitié ses personnages, oui même Neel, parce qu'ils sont tellement prisonniers de leur culture que j'en avais de la peine pour eux, et qu'en même temps j'en suis venue à me demander si il n'en était pas de même pour nous tous, sans que nous en ayons conscience. Leila (l'épouse en question) est intéressante en cela car, changeant tout juste de pays, elle a conscience qu'elle doit s'adapter à une culture différente de la sienne et elle donne l'impression de décortiquer mentalement son propre comportement, choisissant au fur et à mesure les réflexes culturels qu'elle décide de conserver et ceux qu'elle choisi de supprimer parmi ceux lui venant de son pays d'origine. Pour moi c'est donc un personnage que l'on peut légitimement l'admirer pour sa clairvoyance, que l'on soit d'accord ou pas avec les choix qu'elle fait. À l'opposé de ce comportement, Neel pense s'être americanisé au maximum mais on se rend compte assez vite que ce n'est qu'une apparence. Il ne suffit pas de manger du bœuf pour échapper à l'Inde et son ambition à vouloir s’élever dans la hiérarchie sociale par le mariage est assez symptomatique de ce qu'il a conservé de sa culture originelle sans s'en rendre compte. Ça ne l'empêche pas d'être une tête à claque, mais son aveuglement le rendrait presque sympathique, suffisamment en tout cas, pour ne pas refermer le livre de rage. Non, on se dit que grâce à son épouse qui elle, regarde la vérité en face, il finira sans doute par ouvrir les yeux. C'est sans doute cet espoir que le personnage puisse s'améliorer, qui m'a fait lire ce roman jusqu'au bout.

"E.T. ? Depuis quand les chats sont-ils des extraterrestres ?
- Son vrai nom c'est Elisabeth Taylor [...] Regardez, elle a un oeil bleu et l'autre vert. Et comme tout le monde la trouvait affreuse, je lui ai donné le nom d'une belle femme."

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