mercredi 2 septembre 2015

Acide sulfurique

Un deuxième Amélie Nothomb pour faire baisser ma PÀL (et oui c'est rapide à lire).
Pour l'occasion, l'auteur nous dépeint jusqu'où la télé-réalité pourrait aller si on la laissait faire et ne dédaigne pas le point Godwin en nous présentant une émission au doux nom de "Concentration". Nous y suivons deux héroïnes : Zdena, engagée en tant que Kappo et Pannonique capturée du côté des prisonniers. Deux êtres humains que la caméra de l’émission transforme sans efforts apparent en stéréotype du bien et du mal, de l'intelligence et de la bêtise, de la beauté et de la laideur. Un manichéisme que le roman semble vouloir contredire, tout en ne s'y décidant pas. En effet si l'auteur nous fait connaitre les états d'âmes de ses personnages et développe leur relation au delà de la simple image, cela ne contredit que timidement la perfection de l'une et l'horreur de l'autre.

Bref, si j'ai trouvé que le roman était une réussite du côté de sa critique des médias et du voyeurisme du public, il a échoué par contre a créer en moi la moindre empathie pour ses personnages, ce qui fait que je m'y suis quand même relativement ennuyée. Après je ne sais pas si c'était voulu, pour éviter d'ajouter tout pathos à une situation déjà très lourde, ou s'il s'agit de ma façon de répondre au style très neutre de l'auteur, mais je ne peux pas m’empêcher d'imaginer ce que pourrait donner le même sujet entre les mains d'un romancier au style plus "impliqué".

"Les prisonniers ne savaient pas lesquels d'entre eux étaient filmés ni ce que les spectateurs voyaient. Cela participait de leur supplice. Ceux qui craquaient avaient affreusement peur d'être télégénique : à la douleur de la crise de nerf s'ajoutait la honte d'être une attraction."

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