mardi 20 octobre 2015

Marguerite

Comme vous avez sans doute pu le constater, je vais très peu au cinéma. Non pas forcément par manque d'envie, mais plutôt par manque de temps, d'organisation et de finances. C'est vrai qu'à 10 euros la place, il ne faut pas se planter de film.
Mais Marguerite est un de ces rares films pour lesquels je me suis dit en voyant la bande annonce que je voulais absolument le voir sur grand écran. Le film conte l'histoire d'une femme donc la passion de l'opéra n'a d'égale que la nullité d'interprète, mais, comme elle est très riche, et qu'elle ne se rend pas compte par elle-même de son manque de talent, personne n'ose lui dire qu'elle chante atrocement faux.
Avant toute chose, il faut savoir que ce film est inspiré, bien que très librement, d'un personnage qui à réellement existé : Florence Foster Jenkins. je me rappelle que ma prof de musique du collège nous avait raconté son histoire et lorsque j'ai vu la bande annonce de Marguerite, ce souvenir m'a sauté au visage (et c'est sans doute une des raison pour lesquelles je tenais à le voir). Mais de la vrai Miss Jenkins, les scénaristes n'ont gardé de l'essence, le concept. Leur Marguerite est un personnage original, fantasque mais d'une sincérité et d'une fragilité hors normes qui attire et attendrit ceux qui la rencontrent et on se rend compte assez vite que c'est finalement par sympathie que personne n'ose lui dévoiler son triste secret. À l'écran, Catherine Frot fait un travail extraordinaire, et tisse avec les autres acteurs la toile de relations amicales et amoureuses douces amères, d'une subtilité qu'on a peut l'occasion de voir au cinéma. Le tout souligné par une photographie et des costumes magnifiques, d'une perfection visuelle qui accentue encore toute la tension d'un film dont on sait dés les premières images qu'il ne peut pas nous amener vers un happy end.

Cependant, personnellement et en tant que chanteuse, j'ai un petit bémol à apporter. Mais comme il concerne le dénouement de l'histoire, me voici au regret de vous prévenir que je vais devoir vous "spoiler" la fin comme on dit sur les internet. Donc vous avez le droit d'arrêter ici votre lecture, je ne vous en voudrait pas.
Il m'est extrêmement difficile de croire à la fin du film. Pour la simple raison que si un chanteur ne s’entend pas correctement, c'est aussi qu'il n'entend pas correctement les autres. Il est donc impossible que marguerite se rende compte qu'elle chante mal parce qu'on lui fait entendre un enregistrement de sa voix. Il est vrai que lorsque l'on chante, on ne s'entend pas comme les autres nous entendent "de l'extérieur" mais c'est une question de résonances et d'harmoniques, pas de précision des notes, sinon nous serions incapable de reproduire ce que nous entendons, et tout le monde sans exception chanterai faux. Si Marguerite chante donc si faux, ce n'est pas sans doute pas qu'elle ne s'entend pas, mais plutôt qu'elle n'entend pas correctement les airs qu'elle écoute tout au long du jour, la différence entre ceux-ci et son interprétation n'est donc pas évidente à ses oreilles, que cette dernière soit enregistrée ou perçue de l'intérieur, n'y changeant sans doute pas grand chose. Ce mythe du chanteur qui ne s'entend pas, utilisé comme ressort dramatique final a donc eu le malheureux effet de faire voler ma suspension d'incrédulité en éclat et a donné à la fin du film un goût un peu amer.

2 commentaires:

Kleo a dit…

Oui, c'est un peu mon sentiment, aussi. Même si on peut arguer que le personnage est en plein déni jusqu'à se trouver exposé à la "vraie vérité" sans possibilité de fuir... (mais dans ce cas, pourquoi ne pas affirmer que c'est un coup monté, que l'enregistrement n'est pas d'elle, etc.?).

ioionette a dit…

oui tout a fait, il y a vraiment un truc mal maîtrisé sur cette fin...