lundi 8 février 2016

À contre voix

Je ne suis pas fan (et je ne l'ai jamais été) de chant lyrique et l’opéra m’ennuie profondément. Mais j'ai une copine lyriqueuse et quand elle fait des spectacles ben je vais la voir. C'est comme ça que je me suis retrouvée à assister à une représentation de À contre voix, une pièce de théâtre lyrique pour deux actrices-chanteuses. Et donc, même si vous êtes comme moi, je vous le conseille.
On y suit la rencontre de Marguerite et de Rose, la première, jeune fille de bourgeois qui a le talent et l'envie de faire du chant sa vie, la seconde femme mure qui a choisi il y à longtemps de conserver et le chant et "la vie normale" et de tout mener de front.
Leurs rencontres dans les coulisses, dans le climat d'urgence de l'entre-deux guerre tissent leurs histoires passées et à venir qui s’emmêlent et se dénouent. Ça parle vie de femme, liberté des corps et des choix, investissement et passion, névroses familiales. C'est dur et on n'en ressort pas indemne, les parties chantées, brillamment interprétées se font à la fois échos des sentiments et baumes des plaies ouvertes, offrant à voir les raisons pour lesquelles la musique est si nécessaire aux hommes. À titre personnel, cela m'a clairement remué pas mal de choses car j'ai trouvé là des résonances fortes avec mes propres névroses. À tel point que je pense que si je l'avais vu il y a un an, j'aurai pris une grosse claque et j'aurai déprimé pendant des jours. Heureusement pour moi depuis cette période j'ai appris à faire des choix, même s'ils n'ont pas été facile et choisir les Conteuses dans un vrai objectif sinon pro, au moins semi-pro, ma sauvé je pense d'une réaction trop violente. Néanmoins, si j'ai choisi de me concentrer sur un projet musical et de le mener le plus loin possible, il reste que je suis comme Rose, je n'ai pas choisi de faire du chant ma vie, et je pense que je ne pourrais jamais m’empêcher, en me regardant dans la glace le matin, de me demander si j'ai vraiment fait ce choix pour les raisons que je me suis donnés à moi-même (la principale étant la peur de perdre le plaisir de la musique), ou si c’était de la lâcheté pure et simple face aux difficultés évidentes de tenter sa chance dans le milieu professionnel musical.
Où comment assister à une pièce intense centrée sur les névroses de ses personnages peut réveiller les votre sans prévenir. Donc vous êtes prévenus, À contre voix, c'est bien, c'est fort et je vous le conseille mais, je ne peux pas vous promettre que vous en sortirez indemne (même si vous n’êtes pas chanteu(r)se vous-même).

À contre voix
Les mercredis, vendredis et dimanche jusqu'au 20 mars 2016 
Théâtre de la Reine Blanche
 2 bis passage Ruelle, 75 018 Paris

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