vendredi 7 mars 2014

Jane Eyre (version 2011)

Il existe de très très nombreuses adaptations cinématographiques du récit majeur de Charlotte Brontë. Mais c'est de la dernière, qui est également ma préférée dont je vais vous parler aujourd'hui. Parce que, tout comme pour Akira, je pense qu'on est ici face à une adaptation particulièrement réussie. Pour vous en convaincre je vous conseille de lire le livre avant ou après avoir vu le film (si vous êtes vierge des deux je vous conseille plutôt de lire le livre en second). La bonne nouvelle c'est que le texte est libre de droit et que vous pourrez donc le trouver vraiment pas cher dans le commerce, ou sur même directement sur wikisource (ici) si lire sur écran ne vous dérange pas.
Jane Eyre est orpheline, recueilli un temps par son oncle, elle ne tarde pas à être placé dans une institution charitable, après la mort de celui-ci, par sa tante qui la déteste. Là elle apprendra l'injustice de la vie tout autant que le Français et le dessin et se trouvera, à 18 ans, prête à prendre une place de gouvernante au sein de Thornfield Hall.
Le roman possède beaucoup de points forts, l'écriture de Charlotte Brontë fait beaucoup, à la fois emphatique et souvent emprunte d'une distance ironique, mais ce sont surtout les personnalités des personnages, et notamment des deux personnages principaux, Jane et M. Rochester, qui expliquent sans doute le succès du roman encore aujourd'hui. Notre héroïne est en effet à la fois une survivante et une vrai romantique, capable de résister aux pires injustices qui lui tombent dessus, elle ne les considère jamais comme "normales", ne s'y résigne jamais et, si elle cache sa passion derrière une apparente résignation imposée par les conventions sociale, celle-ci fini toujours par ressortir. Jane n'acceptera jamais qu'on lui impose quelque chose qui est contraire à ses sentiments, considérant que son insignifiance (sociale ou esthétique) n'est pas une excuse pour se laisser piétiner. Une vrai héroïne donc, mais qui se dissimule en permanence et dont montrer le caractère sans narration interne ou voix off est une vrai gageure. Il en est de même pour M. Rochester, incarnant le parfait contrepoint à Jane de par ses colères et son humour acide qui cachent mal un être presque brisé mais oh combien sensible et extravagant.
Une adaptation cinématographique ne respectant pas l'essence de ces deux personnages est donc évidemment voué à devenir une adaptation raté et j'avoue que lorsque j'ai su quels acteurs allaient les jouer (Michael Fassbender et Mia Wasikowska) j'en ai eu des sueurs froides. Pourquoi ? parce qu'ils sont tout les deux bien trop beaux pour leurs rôles. Nos deux personnages principaux ne sont en effet pas sensés être des gravures de mode, Jane étant décrit comme, au mieux banale, au pire maladive et M. Rochester, sans être décrit comme laid, semble posséder un visage dur et sombre, pas particulièrement attrayant. Heureusement ma peur n'était pas fondée, les acteurs étant ici rendus aussi ordinaires que possible, leur physique s'effaçant au profit de leur personnalité et des émotions qui les traversent et perdant rapidement son importance tout comme c'est le cas dans le livre. Un jeu d'acteur à la hauteur du roman donc, et une des plus belles réussite du film.
Un autre point fort réside dans l'ambiance mise en place tout au long du film, notamment à l'aide de la lumière. Ainsi les scènes d'intérieur, uniquement éclairées au feu et à la bougie, et les scènes d'extérieur, plongées dans la brume et la lumière froide, créent, par leur combinaison, une ambiance de roman gothique (genre contemporain à l'écriture de Jane Eyre mais dont il celui-ci ne fait pas parti) qui, loin d'aller à l'encontre du matériaux d'origine, vient donner chair et corps aux angoisses diffuses notre héroïne.
En conclusion, bien que certaines scènes importantes du livre soient absentes, l'essence de ce qui fait son intérêt est bien présent dans le film, donnant une impression de fidélité au matériaux d'origine et de compréhension de celui-ci d'autant plus bienvenue qu'elle est malheureusement trop rare dans le domaine des adaptations cinématographique.

PS : Si vous aimez l'histoire de Jane Eyre tout support confondu comme c'est mon cas, je vous conseille fortement de lire L'Affaire Jane Eyre, de Jasper Fforde, qui, en plus de lui rendre hommage de façon complètement délirante, est également un très bon roman.

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